23 ter rue Bruat

mardi 10 juillet 2012

Vous je sais pas, mais moi, la question du logement, ça m'interpelle.

Depuis longtemps.

En août 1996, j'habitais dans le IIIème arrondissement de Paris, à deux pas du métro Chemin-Vert, à quatre de l'église Saint-Ambroise (métro Saint-Ambroise), XIème. C'était un dimanche matin, j'écoutais du fond de mon p'tit dèj', les infos à la radio; ça disait que Mgr Lustiger avait filé les clés de l'église à la police, histoire qu'ils puissent virer des familles de sans-papiers qui y squattaient (et faisaient pipi-caca partout en jetant les couches de leurs mioches braillards dans les confessionnaux). J'avais bondi, à peine la dernière bouchée avalée, et j'ai été témoin de l'expulsion, sous les yeux effarés de tous ceux qui étaient là, dont mon copain Vincent, un vieil anar' comme moi, sauf que je n'ai pas ma carte à la CNT, ni ailleurs, du reste.

Les malheureux squatters, toujours confiants, ces braves couillons, dans la charité catholique, étaient allés illico se réfugier à l'église Saint-Bernard, dont ils furent derechef expulsés le lendemain. Cette fois-là, les keufs ont dû dézinguer les portes à la hache; les curetons avaient paumé les clés, sans doute.

 

Aujourd'hui, j'habite à Brest, au 27 rue Bruat. Ma maison a même les honneurs de Google.

Quel intérêt, me direz-vous? Aucun.

Si! Nous avons un nouveau gouvernement, qui va se faire un plaisir de prendre à bras-le-corps le problème du logement. On a même une ministre toute-verte à qui on fait fermer sa g... quand elle profite de ses derniers jours de secrétaire d'EELV pour lancer son salutaire petit couplet à propos de la légalisation du cannabis. Que va-t-il sortir de son ministère?

 

Voilà à quoi et à qui elle va se heurter.

Regardez bien: voilà chez moi, le portail bleu

 

 

 

Un coup d'oeil à droite, au 23 ter:

C'est tristounet, hein. Au 27 (chez wam'), sur huit logements, deux sont vides mais non proposés à la location. Au 23 ter, il y en a quatre, toujours pas mis en location, et au 23, c'est vide aussi, au moins depuis que j'ai emménagé, il y a quatre ans. Mais ça n'a pas toujours été aussi inanimé. Le logement sous vos yeux a été occupé par des p'tits d'jeunes tout-à-fait charmants: étudiants, RSAistes, abonnés aux p'tiboulots-de-merde, des pauvres, quoi. Le proprio (un vieux con, vous allez voir) s'est un jour aperçu qu'il y avait du monde dans sa baraque: des SCOUATEURES!!! Entrés sans effraction, occupants tranquilles mais illégaux. Qu'a-t-il fait, ce monsieur?

ça:

Regardez bien les fenêtres. On y voit des banderoles invitant le voisinage à un repas collectif contre l'expulsion, arrivée trop tôt: le repas n'a pas eu lieu. J'avais signé leur pétition; ils étaient vraiment sympa, ces p'tits d'jeunes; c'est un vieux croûton qui vous le dit.

Je n'ai pas vu ça, j'étais pas là. Regardez à nouveau: les fenêtres n'avaient pas de grilles, celles qu'on voit sur la photo du haut. Elles ont été posées dès le lendemain, ainsi que les portes blindées. Sous le regard plus que satisfait du vieux con de proprio; ça, je l'ai vu.

 

Que le droit à la propriété soit un droit fondamental, d'accord. Mais a-t-on le droit de jouer les Père Goriot, même pas pour spéculer, pour dire: "ça, c'est à MOI; j'ai la force de mon côté et je vous emmerde. Je trône béat sur mon 'placement', comme Onc'Picsou dans son or, comme de Funès dans 'La folie des grandeurs'". Ahoui? Voilà que grandeur signifie mesquinerie et égoïsme.

 

J'ai du mal à m'y faire.

 

Bzxzh

Oncle Marc



10/07/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres