José et moi
on a plein de points communs.

Notre âge: on est tous les deux nés en 1953, lui le 11 juin, moi le 31 octobre. Milieux familiaux à peu près comparables; anglais courant; bac avec mention; classes prépa; libertaires; anti-cléricaux; pacifistes (lui, déserteur, moi, objecteur de conscience); on s'est croisés au Larzac en 1973; en 1976 on s'installe à la campagne, lui pour élever des moutons, moi des chèvres; influence situationniste; "autre agriculture" (pas forcément label "bio", cf un autre article); ulcérés tous deux par Chirac en 1995 par la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique avec l'aval de la vieille baderne gâteuse et conchiée à bonnet rouge; membres d'ATTAC et anti-TAFTA.

J'ai approuvé le symbolisme du démontage du MacDo de Millau et les fauchages de maïs OGM , tant le glyphosate/Roundup-friendly que le synthétiseur de toxine Bt.

Mais j'ai tiqué quand il est allé arracher des pieds de vigne non loin de Colmar. Il s'agissait d'une parcelle expérimentale de l'INRA, que José connaît bien: son père, spécialiste des maladies des plantes, y a été directeur régional. Et moi aussi je connais bien l'INRA (et les lecteurs de ce blog savent l'amour inconditionnel que je voue aux agros) et son idéologie productiviste délétère.

En bref, dans une parcelle de vigne qui avait été arrachée suite à sa contamination par une maladie virale, le court-noué (un genre de phylloxéra), l'INRA avait, chose extraordinaire de sa part (d'habitude c'est l'opacité sa méthode) eu une attitude exemplaire en détaillant ses méthodes et en "communiquant" même l'endroit où aurait lieu l'essai. Du jamais vu! Qu'est-ce qui était OGM dans cet essai? Le porte-greffe. Pour les novices, un cep de vigne cultivée est composée d'un porte-greffe choisi entre autres pour ses résistances à certaines maladies et d'un scion prélevé sur un cépage reconnu pour ses aptitudes à produire du bon pinard. Remarque, je suis con, on ne va pas greffer ce qui produit de la piquette, hein.

Ce qui me fait tomber de ma chaise, c'est que j'ai beau écumer le net pour avoir des détails sur le bout d'ADN introduit dans le porte-greffe et sa provenance, je suis enseveli sous une avalanche de propagande anti-OGM ne contenant rien de rien de scientifique. L'effet que ça me fait, c'est que les faucheurs fauchent par idéologie, voire par fanatisme, à tout le moins parce qu'ils ont le vent médiatique en poupe et l'instinct grégaire dans leurs gènes. Il serait temps de le localiser, ce gène: on pourrait peut-être soigner Christine Boutin, les jeunes jihadistes qui partent en Syrie et détecter dès le berceau les Mohamed Mehrad. On a bien cherché le gène de l'homosexualité et d'aucuns croient toujours qu'il existe, et Staline a financé des recherches délirantes à la con pour produire l'homo communistus, homo au sens homo sapiens, pas "tafiole".

Ces méthodes sont inacceptables. Qui plus est, ce sont les mêmes que celles employées par ceux qu'ils prétendent contrer. On l'a bien vu lors du pseudo-débat à propos de la théorie du genre qui a culminé avec les diatribes anti-"à poil" du regretté Jean-François Copé

qui nous parle icide la taille de sa bite. On se doutait bien que c'était là son problème.

Je constate (pas la taille de la bite à jfc, ça je m'en fous) que nulle part n'est fait mention qu'il est bien possible que le porte-greffe a subi une modif' pour être répulsive vis-à-vis du nématode qui est le vecteur du court-noué. Les nématodes ont du reste le vent en poupe et je followe assidûment sur twitter @Plathelminthe4 l'invasion de saloperies qui sont leurs proches cousines. Checkez vos plates-bandes, bandes de ploucs! Toujours est-il que s'il y a de réelles inquiétudes de contamination par les pollens de céréales ou d'oléagineux, vraiment de quoi flipper quand on se dit qu'on fait bouffer à nos vaches du maïs qui fabrique de l'insecticide et du soja OGM qui pis est importé (merci pour la balance commerciale!), dans le cas de l'essai incriminé, c'est uniquement le support du rameau de vigne, celui qui porte les fleurs et les grappes, qui est OGM. Si pollen baladeur il y a, il n'est nullement porteur de la modification, et le jus de la treille n'est aucunement le support d'un ADN bricolé à la sauvage.

Pour une fois que l'INRA ne jouait pas aux apprentis-sorciers à la botte de Monsanto & allsorts, défendait le patrimoine culturel & agricultural frrrrââânçais, monsieur! (Mariette! Un kir-qui-tue!) et se montrait coopératif, il faut que José et ses hordes d'intégristes bac moins plein d'années, plus bas du front que celui qui se dit national, mettent les pieds dans le plat... Consternant.

Et José, pour couronner le tout, vient il y a quelques jours de défendre une position effarante, j'ai cru qu'il avait bouffé du Boutin (qui n'est pas génétiquement modifiée, trop soucieuse de l'intégrité de son ADN en répliquant sa race pure en se croisant avec son cousin; on leur avait pourtant dit que la consanguinité ça produisait des crétins) quand il a condamné la PMA, procréation médicalement assistée au motif que ce n'était pas "naturel"!

Fais gaffe, José! Tu risques de te retrouver dans les mêmes dispositions que Copé, sauf que chez lui, c'est "naturel"!

Où j'ai mis ma faucille?