Pesticides

Je sais pas vous, mais moi, j'ai de vieilles indignations dont certaines sont encore vertes malgré les années.

C'est un article de ce matin (sam 28 juin 2014) dans ma boîte mail qui est la goutte d'eau qui a mis le feu aux poudres:

Danger: pesticides! On a vérifié.

Les arguments, toujours les mêmes, viennent toujours des mêmes. L'UIPP; le sigle a fait tilt car je le connais depuis longtemps, pour des raisons professionnelles, mais n'anticipons pas. Car c'est un tout, un tout comme les poupées russes; ça s'emboîte.

La plus grosse des matriochkas, c'est ce dogme stupide et nuisible, parfois même criminel, propagé depuis plus de 150 ans, que tout peut se ramener à des considérations mécaniques, chimiques, physiques. C'est le modèle de Ford et ses chaînes de production; celui de l'agronomie (je hais les agronomes!!! C'est une sale race de trouduculs finis arrogants et bornés; je dis ça en toute connaissance de cause, j'en connais des  armées, et AUCUN n'a trouvé grâce à mes yeux, au contraire: on dirait qu'ils font des compètes de celui qui sera le plus nul) qui considère qu'un végétal, tout comme un animal, c'est une usine. En ceci qu'on apporte des ingrédients et automatiquement ça pousse et ça pond, c'est pas de la magie, c'est DE LA SCIENCE, vous assènent-ils histoire de bien vous faire comprendre qu'eux la détiennent, infuse ou presque parce  que, qu'est-ce vous croyez, ils ont fait des études OUUHH!!! vachement compliquées  qu'il faut être très-très intelligent pour y arriver (sous-entendu: c'est pas vous, les glandus qui seriez  cap') mais après on sait TOUT. Non, presque, restent-il modestes: la recherche continue et elle progresse et vous pensez bien qu'on passe nos loisirs à la suivre.

L'emmerdant c'est que c'est faux. Les agros-cons s'en tapent comme de l'an quarante de la recherche, ils s'en tiennent à ce qu'ils ont vu durant leurs études et à ce dont on leur a bourré le mou.

En plus, ils se permettent de dauber techniciens et encore plus paysans, bien qu'ils n'aient jamais touché une fourche, fait les foins ou posé ne serait-ce qu'une fois leurs gros culs de bureaucrates dans le siège d'un tracteur ni même assisté de visu à une traite. J'en ai connu un qui parlait doctement à un auditoire d'hommes du métier, le vrai, celui d'agriculteur, de "planter les haricots" et qui répondait, quand on lui faisait remarquer que ça se sème, les haricots, "ah bon? Semer, planter, c'est pas pareil?". Ahuri, crétin! Tu vas voir: nous on confond "caresser" et "te casser ta sale gueule"!

Donc voilà: depuis que monsieur Liebig, oui, celui du bouillon, une belle invention, a pondu sa parabole du tonneau aux douelles inégales (faut ce qui faut pour qu'ils comprennent, les ploucs), la recherche n'a pas progressé. L'enseignement dispensé par les écoles d'ingénieurs agronomes, doit-on dire; parce que, si, la recherche a diablement progressé; pas eux.

Qu'est-ce que la parabole du tonneau? Un petit dessin vaut mieux qu'un long discours:

loiliebig.png

Et encore, là, c'est du chiadé: vous avez droit à un peu plus que N-P-K. Dans la tête des agros-nuls il y a N-P-K et c'est tout; faut pas croire qu'il s'y trouve un cerveau, dans la tête des agros. Il n'y a que de l'eau pleine de produits chimiques qui la rendent impropre à la consommation, à la natation et même à la navigation: ça attaque la coque de l'esquif.

Un autre exemple. Le complexe colloïdal argilo-humique; le terme a de quoi faire peur; on se dit "vache! Il en connaît un rayon, le mec qui sait tout ça!" Détrompez-vous: un jour, je bossais à l'UNCAA, avec des agros qui s'étaient spécialisés dans la  fertilisation des sols. J'ai bossé avec des agros, je vous ai dit. Moi, de l'agronomie, j'en ai fait en autodidacte. Si j'ai tout ce qu'il faut et même bien plus pour être paysan, qui le suis, même: j'ai aussi bossé à la campagne, pas en tant qu'ingénieur, hein! j'en ai entendu parler, de ce foutu complexe, CCAH en abrégé. J'ai même, et à l'époque il n'y avait pas internet, fait des recherches le plus loin que j'ai pu, et je n'ai guère trouvé plus que ça:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Complexe_argilo-humique

Notez que, d'emblée, "cet article ne cite pas suffisamment ses sources". On est gréyés, avec ça! Je n'en savais donc pas plus il y a 25 ans que maintenant, et vous non plus, cher lecteur. Parce que mes agros, quand je les ai interrogés (vous pensez bien) et qu'ils m'ont ressorti le peu que je savais, dès que j'ai commencé à leur poser des questions un peu plus pointues, ils ont pris un petit air gêné, incapables qu'ils étaient de m'apporter la moindre élucidation.

Bref, ils se sont sentis supérieurs avec le peu qu'ils savaient, quand, lorsque la guerre fut finie et suivie du plan Marshall, accompagné de son modèle fonctionnaliste qui voyait même pas aussi loin que le bout de son nez. Eux non plus, mais, ils virent qu'ils se multipliaient, quand les paysans voyaient leurs effectifs maigrir. En effet, ils devinrent plus "productifs", à leur détriment, et plus cons, mais on leur a dit qu'ils étaient des entrepreneurs, des "gestionnaires" et on leur a refilé des gros tracteurs pour flatter leur ego de gros machos. Toutes les qualités dont ils auraient dû hériter de certains de leurs aïeux, ils se sont assis dessus en les méprisant, et ils sont devenus cons en s'imaginant qu'ils étaient devenus plus intelligents, et les agros ont conclu à leur réussite darwinienne de leur sale espèce de bâtards. Ce qui leur suffisait, ayant mal interprété la théorie du vieux Charles, comme pas mal de nos contemporains, plus enclins à gober ce qui conclut à leur supériorité--tels un certain Claude Guéant, que la Justice le patafiole, ce véreux vérolé qui trouve "sa" civilisation supérieure à toutes les autres-- qu'à lire et comprendre un bouquin, dont la taille et la difficulté les révulsent. Et dépasse leurs pauvres facultés, de toutes façons.

On vit donc dans un monde où règnent une ignorance et une médiocrité sidérales. La preuve? Regardez les dernières élections! Ce qui n'empêche pas que tous se trouvent supérieurs.

En revanche, j'ai aussi travaillé dans un labo national plein de chercheurs de haut niveau, qui s'occupaient d'écologie, mais ne se croyaient pas omniscients: d'ailleurs, s'ils  cherchaient, c'est bien qu'ils ignoraient des choses. Et si je n'étais là que pour leur faciliter la vie en matière d'informatique, j'ai bien profité de leur savoir. Car eux en avaient, du savoir, et n'en étaient pas avares! La différence est flagrante et nul ne s'étonnera que je préfère mes chercheurs à cette sous-espèce débile que sont les agros. Qu'ils soignent leur complexe d'infériorité; solution alternative: qu'ils deviennent intelligents, mais ça, la science ne sait pas (encore) faire.

Cette sale mentalité, on la retrouve dans l'article cité au début de ce post.

Il est à signaler que l'UIPP est un vrai nid à agros, un couvoir. Je les ai connus via l'UNCAA. Enfin, l'ex-UNCAA, voyez    ou . Car on y est bien plus occupé à faire des fusions-acquisitions que de la vraie agronomie; on est en plein fascisme capitaliste; je m'habitue pas. L' Union des Industries de Protection des Plantes se présente avantageusement (déjà, faut se méfier, ils ont des trucs à cacher) comme des protecteurs. A grands coups de molécules synthétiques et mal étudiées, bien qu'ils prétendent le contraire. Ah oui, ils ont eu l'AMM, l'autorisation de mise sur le marché, qui se base sur l'alchimie de Paracelse: la dose fait le poison. Et ça leur suffit. Que depuis, on ait inventé une chimie qui nous a gratifié de poisons aussi sympa que les dioxines, les CFC pas toxiques mais qui détruisent la  couche d'ozone --il connaissait la couche d'ozone, Paracelse?-- et la biologie moléculaire, l'UIPP s'en tamponne. Elle a tout intérêt à ce que l'insuffisance de l'AMM continue tant que ses profits courent. Et pour ça, tous les moyens sont bons, les principaux étant des moyens juridiques, ces moyens étant actuellement personnifiés par le traité TAFTA. Mais les juges et les avocats, qu'est-ce qu'ils y connaissent en écologie? Et qu'est-ce qu'ils peuvent faire, à part se baser sur des lois archaïques et des grands principes. La liberté, par exemple. TAFTA, c'est la liberté, et au nom de cette liberté, parce que tu m'interdis de chier dans tes bottes, je te fais un procès parce que tu entraves ma liberté de chier dans tes bottes. Comme l'UIPP peut faire un procès parce qu'on veut l'empêcher de protéger à coup de chimie les plan-plantes qu'elles sont si bonnes à manger, que même, si elle les protège pas, bin, j'ai plus rien qu'à crever de faim.

Je ne suis pas un fanatique du bio. Loin s'en faut! D'ailleurs, le bio, on peut en parler. D'abord, le cahier des charges du bio commence à dater. Ensuite c'est un label ultra-protégé, un club où le ticket d'entrée est hors de prix, pour faire des produits bio des produits pour riches produits par des riches, et ça, les mickeys, je trouve ça franchement dégueu. En outre --je suis obligé de tout expliquer, je m'adresse à des incultes, faut croire-- les produits qu'ils autorisent, ça relève du délire. Parmi ceux-ci, il y a le sulfate de cuivre. Pas besoin d'avoir fait des études de chimie, de pharmacie ou de médecine pour savoir que c'est un toxique et qu'il peut s'accumuler dans les nappes phréatiques; il n'y a pas que l'atrazine ou les nitrates. Il y a aussi le soufre: S. Le soufre à l'état simple est totalement inefficace, chimiquement inerte; ça sert à rien (mais c'est pas toxique; tant mieux). Quant aux insecticides admis en culture bio, ce n'est pas parce qu'ils proviennent de plantes qu'ils sont gentils. De plus, pourquoi n'avoir pas ajouté la nicotine, tout aussi efficace, toxique et "naturelle"? Ça, on ne sait pas; ou plutôt si: parce que le tabac, c'est caca! Et que les gens au début du "mouvement" bio, ses initiateurs, étaient des gros puritains coincés du cul et des boyaux de la tête, des intégristes bornés (excusez le pléonasme). Il y avait toutefois parmi eux des gens pas trop portés sur l'honnêteté: qu'on se souvienne du fameux Lemaire qui allait épandre nuitamment, en cachette, sur ses céréales "Lemaire"©® de l'ammonitrate, tout en prétendant que sa "méthode" permettait de s'en passer sans nuire au rendement. Ceci dit, j'avais à Nantes un boulanger qui faisait un "Pain Lemaire"©® à se rouler par terre.

Donc, l'UIPP qui sait tout (et qui ne sait rien) commence par la manoeuvre habituelle: dénigrer l'étude au mépris de la réalité. Faut quand même être balaize pour dire que ça:

carte_pollution_rivières.jpg

c'est in vitro. Ou alors un très grand vitro. Deuxième étape: incriminer l'utilisateur qui ne sait pas lire une étiquette comportant des précautions  d'emploi et des préconisations de doses, et dire  que c'est pas sa faute si on en balance n'importe comment. Je sais, l'ayant constaté, que bien des paysans sont incapables de  régler vraiment au poil près un pulvérisateur. Et aussi qu'ils ont tendance à forcer la dose. Par flemme, pour aller vite et fort. J'ai été témoin de ça dans une porcherie vite nettoyée mal nettoyée, alors, comme il restait beaucoup de cracra, hop! cinq ou dix fois la dose utile de D39! P'tin! Le D39, ça déchire grave, pourtant! Et ça se retrouve dans le lisier; à l'épandage, toute la faune microbienne tourne de l'oeil, et les vers de terre aussi, probablement. Pourtant c'est pas donné, le D39; et les paysans sont plutôt radins. Ils ne sont pas les seuls à se comporter comme ça; je crois volontiers que les particuliers, dans leurs jardins, n'y vont pas non plus avec le dos de la cuillère. Comme, eux, sont des amateurs, il ne faudrait pas leur vendre des produits comme ça; encore qu'ils touveraient des combines pour s'en procurer quand même. Le mythe du produit miracle. Troisièmement, sortir des chiffres rassurants issus d'enquêtes nationales. Qui dit que "national" veut dire "du côté de la population"? Ce n'est pas la population qui fixe les seuils admissibles.

Je trouve souvent qu'EELV, c'est une poubelle à  sectaires et à illuminés. José Bové, en mai ou juin de cette année (2014) a fait des déclarations où il assimile la PMA à de la manipulation génétique; et je ne l'ai pas approuvé quand il a arraché des pieds de vigne "OGM" du côté de Colmar, alors que cela ne présentait que des risques minimes, et même inexistants. L'ennui c'est que ça discrédite le mouvement, surtout que cette fois-là, l'INRA qui menait l'essai avait été tout ce qu'il y a de transparent et de coopératif. Quant à Nicolas Hulot, le présenter comme écologiste, lui qui n'a fait que signer et prêter son nom au bouquin qu'il prétend avoir co-écrit avec feu Robert Barbault, que je connais pour l'avoir eu comme collègue au labo cité ci-dessus, il n'a rien retenu (ou pas longtemps en tout cas) dudit bouquin. Son pied, à Nicolas, c'est de réclamer des taxes, encore plus de taxes; son idée, c'est celle de tous les cons qui s'imaginent que plus on tape fort sur les récalcitrants, moins ils récalcitrent. C'est pas seulement naïf, c'est nul, con et intégriste bon teint. Marine a les mêmes méthodes.

Et pour ce qui est des OGM, tiens: d'où est-ce qu'elle vient, l'insuline que je dois m'administrer, si c'est pas d'une gentille Escherischia Coli génétiquement modifiée? Et pour tout dire, le riz auquel on a greffé un gène de carotte pour lui faire produire de la vitamine A dans les contrées où sévit la carence, je trouve ça bien. Je n'y vois pas plus de danger que ça. Les autres OGM, ça craint, et l'attitude des semenciers encore plus. Là, c'est davantage l'idéologie criminelle prônée par ces gros cons de capitalistes à l'américaine qui me révolte. Mon vieux fond tiers-mondiste, sans doute.

Non, c'est pas beau, ce qui existe. Je ne crois pas au complot orchestré par je ne sais quelle puissance occulte et je ne crois même pas que ce soit uniquement la poursuite du profit qui guide les porte-parole des anti-écolos. Certains sont convaincus d'agir pour le bien de l'humanité. C'est quand même très valorisant de se dire qu'on sauve le monde, pas qu'on l'empoisonne, ni qu'on fait ça pour le pognon. Mais il y a quand même pas mal de mauvaise foi.



28/06/2014
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